«Il faut investir un milliard dans le numérique à l'école»

Publié le par Mr SUDOKU

Alors que le ministre de l’Education nationale, Luc Chatel, a annoncé l’élaboration d’un «plan numérique à l’école sans précédent», Jean-Michel Fourgous a récemment été missionné par François Fillon pour promouvoir les technologies de l’information et de la communication dans les établissements scolaires (TICE).

Député des Yvelines (UMP), et maire d’Elancourt, cet ancien ingénieur-chercheur de l’Education nationale a mis en place le tout-numérique dans les écoles de sa commune. Une expérience locale qui contraste avec la situation sur le plan national. La France figure en queue du peloton des pays européens utilisateurs d’outils numériques à l’école.

Quel est l’objectif poursuivi par cette mission?

Les technologies de l’information et de la communication dans l’enseignement (TICE) sont aujourd’hui, avec Internet en tête, un accélérateur d’accès à la connaissance et au savoir. Il n’est pas surprenant alors de considérer que ces technologies puissent avoir un impact sur le système scolaire. Dans ce domaine, la France est à la traîne. Le pays occupe le 24ème rang dans l’Union européenne sur l’utilisation des TIC appliquées à l’enseignement. L’Angleterre, l’Espagne, l’Italie, l’Allemagne ou encore la Finlande ont déjà mis l’accent sur le numérique à l’école en débloquant des financements massifs. Il faut rattraper ce retard. Il n’est pas normal que les enseignants français n’aient pas les mêmes moyens que leurs homologues britanniques, allemands ou espagnols… 

Les enseignants sont-ils prêts à relever ce défi?

Ce sont en effet eux qui sont formés à la pédagogie et à la transmission du savoir. Les enseignants doivent redevenir les véritables référents à un moment où les élèves se portent vers d’autres canaux de diffusion de la connaissance, comme la télévision ou Internet. Les enseignants doivent retrouver une image de modernité auprès de leurs élèves qui sont de la génération du tout numérique. Les dernières études montrent que l’entrée du numérique à l’école augmente, grâce au multimédia, la motivation des élèves et leur concentration. On constate de nombreux «raccrochages» d’enfants qui étaient jusque-là en difficulté scolaire. Le numérique permet de lutter contre l’ennui à l’école qui est une réalité.

La formation des enseignants est-elle une priorité?

Nous ne pouvons pas utiliser les TICE sans formation. Actuellement, elle n’est pas suffisante. Il faut revoir les modules de formation, mieux les calibrer. Les enseignants sont demandeurs. Au départ, il y a entre six et huit ans, le corps enseignant estimait que le numérique c’était une perte de temps. Aujourd’hui, ils affirment que c’est un gain de temps. Ils doivent se réapproprier un territoire que l’évolution de la société leur a ôté. Avec l’utilisation du numérique, les enseignants peuvent capter à nouveau de l’audience. Après, il y a toujours ceux qui seront toujours hostiles, qui feront de la résistance. Ils sont aujourd’hui minoritaires, les mentalités ne sont plus bloquées. 

Jeudi, Alain Juppé a déclaré que le numérique avait toutes ses chances de figurer dans le grand emprunt…

Oui mais il n’a pas précisé si cela concernait le numérique appliqué à l’éducation. Si on veut élever le niveau de formation, il faut mettre les moyens financiers en face. Une partie du financement peut être à l’initiative des conseils généraux et régionaux, mais une impulsion de l’Etat est nécessaire. Entre la rénovation des locaux, l’amélioration de la qualité du réseau sur l’ensemble du territoire, le développement de la formation et des équipements, le coût est important. Je pousse pour qu’on se mette au niveau de nos ambitions. Pour rattraper notre retard, il faut un financement de l’ordre du milliard d’euros. Après sur le montage financier, nous avons entre quatre et six mois pour le réaliser. Je dois rendre un premier rapport d’étape en décembre, juste avant que la commission de réflexion sur le grand emprunt ne décide des projets retenus. 

L’exemple landais a conclu a des résultats mitigés. Ces résultats vous ont-ils étonné?

Il faut rester très prudent avec les chiffres qui sont sortis dans la presse. On a pris uniquement ces résultats sous l’angle négatif. Mais on peut aussi prendre le côté positif et la lecture n’est pas la même. Bien sûr, la transition n’est pas simple. L’innovation, c’est aussi ça. Il y a toujours des phases d’amélioration. Il faut tirer les enseignements de ce qui a pu faire défaut à un moment donné. L’accompagnement ou l’incitation des enseignants sont des points à perfectionner. C’est déterminant. Il faut aussi que les Français retrouvent une culture de l’innovation. Il y a quelques années encore, on aurait jamais pu avoir des discussions autour des TICE.

Recueilli par Arnaud Bertrand 

Publié dans Actualité

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